Au Québec, la psychoéducation en milieu de garde est peu connue. Peu de psychoéducateurs travaillent directement en milieux de garde avec leur titre professionnel. Par contre, nous pouvons être appelés à y travailler de façon ponctuelle.
Tout d’abord, la psychoéducation est une approche d’intervention qui vise à rétablir et à développer les capacités adaptatives de la personne vivant des difficultés dans un but de retour à l’équilibre et d’adaptation optimale au sein de son milieu de vie. Le psychoéducateur en milieu de garde œuvre donc auprès des enfants qui présentent des difficultés de toutes sortes (au niveau des relations, du comportement, du langage, de l’intégration, du développement, etc.). Les psychoéducateurs sont habiletés à considérer un milieu de vie dans son ensemble. Elles prennent en considération l’enfant qui est au centre, en interaction constante avec son milieu (parents, milieu de garde, etc.). Lorsqu’ils évaluent une situation, ils portent attention aux conditions du milieu, aux ressources et défis du personnel, aux forces et défis des enfants et sont en mesure de prévoir un pronostic. Ils excellent aussi dans leurs connaissances sur le développement de l’enfant ainsi que sur les interventions les plus pertinentes à utiliser.
Les intervenants qui travaillent directement auprès des enfants à défis dans les milieux de garde sont principalement des techniciens en éducation spécialisée. Ces intervenants sont formés pour appliquer auprès des enfants les plans d’intervention élaborés par les professionnels. Ils accompagnement les enfants au sein de leur groupe pour leur permettre d’être bien intégrés. Ils peuvent aussi faire des périodes de stimulation du développement selon leurs besoins (sphère motrice, langagière, etc.). Le travail des psychoéducateurs est complémentaire à celui des éducateurs.
Les particularités des psychoéducateurs en milieux de garde
Le mandat premier du psychoéducateur en milieu de garde est de réaliser des évaluations psychoéducatives auprès de l’enfant et de son environnement dans le but de mieux comprendre les comportements de celui-ci ainsi que de le situer dans son développement. Je suis fréquemment interpellé par des parents ou des milieux de garde qui vivent des défis avec certains enfants. Ceux-ci peuvent être en lien avec la régulation émotionnelle (crises de colère, gestes agressifs, insécurité/anxiété lors des séparations, etc.), le développement affectif (relation entre l'enfant et son éducatrice, la difficulté à respecter les consignes, etc.), les habiletés sociales (entrer en interaction avec les pairs, partager, etc.), le développement global (questionnements sur le langage, l’apprentissage de la propreté, le niveau d’autonomie, etc.).
Une particularité de notre système de garde québécois (Centre de la Petite Enfance (CPE) ou garderie subventionnée ou non) est que seuls (la plupart du temps) les enfants qui recoivent l'allocation pour l'intégration peuvent recevoir du soutien direct par un intervenant (souvent une éducatrice spécialisée). Effectivement, pour qu’un enfant puisse avoir accès à des services supplémentaires, une évaluation doit être effectuée par un professionnel habileté auprès de l’enfant (le gouvernement a identifié une liste de professionnels habiletés) pour identifier et qualifier les difficultés d’intégration de l’enfant comme étant jugées sévères et persistantes. Un document fourni par le Ministère de la Famille doit être rempli par le professionnel lui octroyant une allocation pour du soutien supplémentaire. Ce soutien peut être fourni à l’enfant seulement si le milieu de garde possède une ressource permettant d’offrir ce soutien. Seuls les CPE, les garderies privées et les milieux familiaux subventionnés peuvent avoir accès à cette allocation gouvernementale. Les garderies privées non subventionnées ne sont pas éligibles. L’allocation sert entre autres, à ce qu’une ressource supplémentaire soutienne l’enfant dans son intégration au sein du groupe ainsi que dans son développement, mais aussi que du matériel approprié pour ses besoins soit acheté.
Je suis donc parfois interpellé par des milieux de garde ou des parents pour procéder à cette évaluation complète du fonctionnement adaptatif de l’enfant. En aucun temps je ne peux assurer aux parents ou au milieu de garde que le document pour l’allocation gouvernementale sera complété de ma part avant d’avoir terminé l’évaluation. Ce document rempli par la professionnelle ne suit pas votre enfant à l’école, soyez-en rassuré. Et ce n’est pas parce qu’un plan de soutien au développement a été élaboré lors de la petite enfance qu’il en aura nécessairement un à l’âge scolaire.
Le processus habituellement effectué est le suivant :
Une première rencontre avec les parents est effectuée pour la collecte des données initiale sur la problématique actuelle, le développement de l’enfant, son fonctionnement dans ses différents milieux, la dynamique famille, le style d'autorité des parents, etc.
Par la suite, une ou deux séances d’observation en milieu de garde sont réalisées dans le but de mieux comprendre la fonction des comportements. Un échange avec l’éducateur.trice est aussi effectué à ce moment. Il peut être nécessaire que des outils d’évaluation standardisés soient utilisés.
Finalement, une autre rencontre a lieu avec les parents et les intervenants du milieu de garde (Centre de la Petite Enfance, garderie privée ou subventionnée, milieu familial) pour leur partager les observations et les impressions cliniques de la professionnelle sur la situation ainsi que les recommandations d’intervention. Le but est d’outiller tous les acteurs qui accompagnent l’enfant à mieux comprendre et intervenir auprès de ce dernier.
À la suite de cette évaluation, le psychoéducateur travaille de pair avec tous les acteurs pour élaborer un plan de soutien au développement (selon la nature des difficultés), en assure le suivi ainsi que la révision.
Le second mandat du psychoéducateur est, une fois qu’il possède une meilleure compréhension du profil et des besoins de l’enfant, d’offrir des services de rôle conseil auprès du personnel en milieu de garde. Si, par exemple, lors de l’intégration d’un enfant ayant des besoins particuliers, les éducateurs travaillant auprès de celui-ci hésitent sur les interventions à utiliser ou se questionnent sur les attitudes à adopter, le psychoéducateur travaille directement auprès d’eux pour les guider et augmenter leur sentiment d’efficacité personnelle et de compétence. Je peux donc être interpellé pour soutenir les membres du personnel d’un milieu de garde sans que l’allocation gouvernementale mentionnée ci-dessus ne soit pertinente.
L’objectif du rôle conseil est d’accompagner l’éducateur dans un cheminement et une réflexion sur ses pratiques tout en le conseillant sur les interventions à préconiser.
Vous avez de plus amples questionnements sur mes services en milieu de garde, contactez-moi.
Pénélope Allen, ps.éd.
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