Vous êtes à la recherche d’un professionnel pour vous soutenir dans votre rôle parental? Vous tentez de vous y retrouver à travers les différentes approches dans ce domaine ? Connaitre cette façon de percevoir l’enfant et son développement a révolutionné ma pratique professionnelle et ma vision personnelle de l’éducation. Je ne sais pas où j’en serais présentement dans ma pratique professionnelle si cela n’avait pas été de cette découverte. Encore peu connue, je vous explique ce qu’est l’approche développementale et relationnelle.
Depuis des décennies, l’éducation et la compréhension de l’enfant et de ses défis s’articulent autour d’une approche dite comportementale ou béhaviorale où l’objectif est d’arrêter un comportement pour le remplacer par un autre. Vous savez l’image d’un chien qui se dirige au même endroit pour recevoir de la nourriture lorsqu’il entend un son ou qui s’empêchera de faire quelque chose alors qu’il a reçu un stimulus aversif. Ceci est le conditionnement opérant qui découle de l’approche béhaviorale et qui se rapporte, dans le domaine de l’enfance, au fait de donner des conséquences et des récompenses. Cette approche met de l’avant le fait que si l’enfant est récompensé d’avoir fait quelque chose, il aura plus de chances de le refaire et l’inverse s’il est puni.
Ce qui est malheureusement mis de côté dans cette approche est le fait que l’enfant, eh bien il n’est pas un adulte! Son cerveau n’est pas développé comme un adulte, autant intellectuellement, affectivement et émotionnellement. Nous savons maintenant avec les recherches en neurosciences, que le cerveau ne se développe pas complètement avant l’âge de 25 ans et ce, si les conditions gagnantes ont été mises en place pour ce faire.
Dans l’approche développementale et relationnelle, on s’intéresse aux raisons pour lesquelles l’enfant agit comme il le fait. On désire comprendre les besoins sous-jacents aux comportements dans le but d’intervenir sur la bonne cible. Un comportement est le signe de quelque chose d’autre, un message que veut nous dire l’enfant, mais qu’il n’est pas en mesure de verbaliser autrement. On dépasse le fait de vouloir modifier un comportement « parce qu’il nous dérange ». Nous comprenons que l’enfant est immature étant donné son cerveau en formation et que nous ayons des attentes réalistes à son égard.
Cette approche se penche sur l’âge développemental et non pas l’âge chronologique de l’enfant. Cela veut dire qu’on regarde où se situe l’enfant au regard de sa maturité affective et émotionnelle. On prend l’enfant où il se situe et on l’accompagne dans son développement, on le soutient. Les barèmes développementaux demeurent importants, mais on ne s’arrête pas à cela.
Les émotions ont une place prépondérante dans mon approche. Elles sont le moteur de la maturité. La compréhension du vécu interne de l’enfant est importante pour l’amener à cheminer dans son développement émotionnel, sa capacité d’adaptation et sa résilience.
La relation parent-enfant occupe une place centrale dans mon approche. Il importe que l’enfant puisse compter sur des adultes sur qui se fier et accéder au repos émotionnel. Ce repos émotionnel est de ne pas avoir besoin de « travailler » pour son attachement et sa relation envers son parent.
Qui dit émotions et relations ne dit pas absence d’encadrement et de limites. L’approche développementale n’est pas une approche dite permissive. Elle croit fermement à l’importance d’un leadership parental assumé, tout en considérant tous les éléments mentionnés dans cet article.
On utilise souvent l’image d’une plante pour expliquer l’approche développementale. On ne va pas tirer sur les tiges et les feuilles pour faire pousser plus rapidement la plante. On va prendre soin de son environnement, on va adapter les conditions autour d’elle pour qu’elle puisse pousser convenablement. Eh bien! c’est la même chose avec un enfant. Nous ne lui demanderons pas de changer, ce n’est pas lui « le problème », on ne va pas s’attendre à ce « qu’il finisse par comprendre ». Nous allons plutôt observer, décoder, jauger, reconnaitre, comprendre l’enfant et adapter son environnement à ses besoins.
Voici un exemple pour illustrer mes propos:
Agathe, 4 ans, se promène dans les magasins avec ses parents pour acheter de nouveaux vêtements. Elle commence à être fatiguée de marcher, elle chiale et clame qu’elle ne veut plus marcher en s’asseyant sur un banc. Sa mère lui explique qu’ils leur restent qu’une boutique à faire, qu’ils rentreront bientôt à la maison, qu’elle devrait être contente, car elle a plusieurs nouveaux vêtements et même un nouveau livre, mais cela ne change pas le comportement de sa fille. Elle pense donc utiliser son intervention ultime, soit de lui dire : « Là, tu vas arrêter de chialer et tu vas t’en venir, si tu ne t’en viens pas, je te donne une conséquence rendus à la maison, pas d’émission ce soir! » Et là, explosion de colère de la part de l’enfant.
Est-ce que cela a fait en sorte qu’Agathe s’est sentie plus motivée à marcher? Pas du tout. Au contraire! Sa résistance a encore plus augmenté et elle est même restée assise plus longtemps. La mère s’est donc rappelé nos rencontres et a pris le temps de se demander ce qu’avait besoin sa fille à ce moment. Connexion ? Pause ? Renforcement? Explication? Plus de contrôle ? Sa fille a continué de chialer pendant le restant du magasinage (que la mère a écourté) (petit cerveau immature qui exprime mal ses émotions), mais la mère a accepté cette situation et elle a privilégié la connexion, la valorisation et lui donner le contrôle là où elle le peut à son âge.
Certes, l’approche développementale requiert du temps. Et l’humain a souvent de la difficulté à laisser le temps faire son œuvre. Et si on essayait! 😉
Pénélope Allen, ps.éd.
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